Dans la nuit du 15 au 16 octobre 2022, à l’Accor Arena de Paris, Mikaben s’est effondré sur scène, après une performance lunaire, lors du grand concert de retrouvailles de Carimi. Une prestation qui avait littéralement hypnotisé la foule dense venue goûter de visu à ce retour historique. La nouvelle de sa disparition a alors eu l’effet d’un coup de massue, frappant en plein cœur les mélomanes et, plus largement, chaque Haïtien, sans distinction.
Sur les réseaux sociaux, à la radio, dans les rues d’Haïti comme ailleurs, artistes, proches, journalistes, politiques et fans ont laissé libre cours à leur douleur, à leurs regrets, à la tristesse d’avoir perdu aussitôt, à seulement 41 ans, l’un des artistes haïtiens les plus talentueux et les plus complets de sa génération.
Il a trouvé la mort au cœur même de sa passion. Peut-être était-ce, pour lui, une belle manière de partir, mais cela, nous ne le saurons probablement jamais. Ce qui est certain, c’est que dans nos cœurs, un gouffre s’est creusé, à la mesure de ce créateur aux mille visages. Ce néant rappelle d’autant plus la richesse de l’œuvre qu’il a léguée.
Il a trouvé la mort au cœur même de sa passion. Peut-être était-ce, pour lui, une belle manière de partir, mais cela, nous ne le saurons probablement jamais.
Tout au long de sa carrière, Mikaben s’est imposé dans le paysage musical haïtien. Aucun genre ne résistait à son talent, en « or massif », dirait mon grand ami Mineaud Jolimeau. Rap, compas, reggae, dancehall, Rn’B… nul n’a su tenir tête à sa virtuosité.
C’est d’ailleurs l’une des plus belles choses qui nous restent de lui : aujourd’hui, dès qu’on active une playlist de musique haïtienne sur n’importe quelle plateforme en ligne dans n’importe quel genre musical, on tombe presque immanquablement sur un titre de Mikaben. Toutefois, on ne peut se guérir du sentiment de ne pas avoir fini de goûter aux talents de ce prodige. On n’a pas assez profité de sa musique et de son savoir-faire.
Aujourd’hui, dès qu’on active une playlist de musique haïtienne sur n’importe quelle plateforme en ligne dans n’importe quel genre musical, on tombe presque immanquablement sur un titre de Mikaben.
Les nombreuses effigies de Mikaben, sur les murs des quartiers, des institutions et des écoles, témoignent du vide laissé par sa mort, de l’image qu’il a laissée de lui-même de son vivant et de la place qu’il occupe désormais dans l’imaginaire collectif haïtien.
Le 15 octobre 2022, dans le paysage musical haïtien, un Mapou est tombé. Un Mapou sous les branches duquel des artistes venaient chercher de la fraîcheur, sur lesquelles certains autres venaient se poser un instant, et dont les racines fortifiaient le sol de la musique haïtienne pour résister aux crues des « faiseurs d’airs vides ».
Si l’on croit le célèbre dicton selon lequel les génies naissent tous les cent ans, nos yeux sont peut-être encore à des années-lumière de revoir un génie tel que Mikaben.




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