FAM-ILY : une nouvelle paire de bras dans la lutte pour l’émancipation des femmes

Le 3 janvier 2025 a vu le jour Fanm Angaje ak Motivasyon Inisyativ pou Libète (FAM-ILY), une organisation s’assignant la mission « d’accompagner les filles et les femmes dans un processus d’éveil, de libération personnelle et d’engagement collectif à travers l’action, l’éducation et la solidarité ». Le 6 décembre 2025, à l’auditorium Millénium de Delmas 83, les responsables l’ont officiellement présentée au grand public lors d’une cérémonie conçue à cet effet.

L’événement a réuni plusieurs dizaines de personnes. Au menu : prestations diverses, discours des principaux initiateurs et initiatrices, et conférence.

Dalphka Melus, fondatrice et coordonnatrice de FAM-ILY, dans son allocution, l’a décrite comme « une organisation qui travaille à la déconstruction  des normes figées limitant les femmes afin de créer un réseau solidaire et une communauté où l’humain est valorisé ». Elle encourage aussi « l’implication des filles et des femmes dans les activités sociales dans une perspective de transformation personnelle et collective ».

« FAM-ILY est une organisation qui travaille à la déconstruction  des normes figées limitant les femmes afin de créer un réseau solidaire et une communauté où l’humain est valorisé».

La création de FAM-ILY entend répondre à trois constats préoccupants. D’abord, explique la fondatrice de l’organisation, certaines filles et femmes dans notre société « grandissent dans la crainte des modes de vie et des idéaux de beauté que celles-ci leur imposent. Ces femmes, en constatant qu’elles ne correspondent pas à l’idéal de beauté imposé par la société, finissent par se refermer sur elles-mêmes, se sentir inférieures, comme si elles n’avaient pas leur place ».

Le deuxième constat est lié à la question patriarcale autour de l’expression « fanm poto mitan ». « Selon la société, une fanm poto mitan est une femme qui abandonne tous ses rêves, sa vision, sa carrière, qui se bloque elle-même pour trouver un homme et consacrer toute sa vie à son mari, sa famille, ses enfants », a fait remarquer Dalphka Melus. « L’expression fanm poto mitan n’est pas en soi un problème, mais la manière de la définir en pose un. Car elle pousse beaucoup de femmes à s’abandonner elles-mêmes pour les autres », a-t-elle poursuivi.

Le troisième point concerne la banalisation de la situation des femmes dans le pays. « Cela est en partie lié à la situation de violence que connaît le pays. Beaucoup de femmes subissent des viols simplement parce qu’elles vivent dans une précarité extrême ».

Selon la coordonnatrice de FAM-ILY, « une femme n’est pas obligée de ressembler à tout le monde : ce qui compte, c’est ce qu’elle porte en elle. On n’a pas besoin d’entrer dans l’idéal dominant pour exister ou nous valoriser : c’est ce qui est unique en nous qui nous permet de nous démarquer  ».

« Une femme n’est pas obligée de ressembler à tout le monde : ce qui compte, c’est ce qu’elle porte en elle ».

Face aux participant.e.s et invité.e.s réunis à l’auditorium Millénium, Dalphka Melus a rappelé les valeurs que FAM-ILY souhaite promouvoir : « Chez FAM-ILY, nous voulons sensibiliser nos consœurs à devenir des fanm poto mitan sans s’effacer, en restant centrées sur elles-mêmes, leur carrière et leurs objectifs. Le mariage ne devrait jamais être un frein à une ambition. Et parce que la violence faite aux femmes prend plusieurs formes en Haïti, nous voulons à la fois sensibiliser et apporter une assistance psychosociale à celles qui en souffrent, dans les camps comme dans les zones rurales ».

Marie Fednard Celiscard, intervenante lors de la conférence, n’a pas manqué d’appeler les femmes à « construire leur identité et à s’affirmer en tant que femme » dans cette société dominée par les apparences.

FAM-ILY avance avec l’ambition de changer les repères imposés aux femmes. Le défi est immense, mais les initiateurs veulent croire que l’éducation, la solidarité et l’action peuvent fissurer les cadres patriarcaux. À celles qui doutent encore, l’organisation propose une certitude : l’avenir se construit aussi entre femmes.

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