Anaïca Fleurissaint, 25 ans, s’empare de la couronne de Miss Ouest Haïti 2025, devant Vanessa Salomon et Ruth Shama Latis, respectivement première et deuxième dauphine. À l’hôtel Montana, le 27 septembre 2025, sous les yeux d’un public venu nombreux et devant un jury méticuleux, elle s’est hissée au-dessus des autres finalistes en lice pour cette 8e couronne. Elle était encore enfant quand ce rêve a germé en elle. Empreinte de courage et surtout d’ambition, elle matérialise son désir et démontre une virtuosité qui, de prime abord, séduit et éblouit.

Née le 11 janvier 2000, Anaïca est la cadette d’une fratrie de trois filles : elle, Mitchencar et Amberly Aïsha. Originaire des Gonaïves et logeant à Pétion-Ville, elle a grandi sans la présence de sa mère, décédée alors qu’elle était bébé. Durant sa petite enfance, c’est sa grand-mère qui l’a prise sous son aile avant que son père, courageux et protecteur, n’assume pleinement sa garde dès son entrée à l’école.
Elle a d’abord effectué ses études classiques à l’Institution Jésus-Enfant, dirigée par les Sœurs Salésiennes de la Cité Militaire, avant de les poursuivre à l’Institution Vision Moderne de Titanyen. À l’école, « elle était joyeuse, pleine de vie et plutôt portée sur le jeu durant ses années primaires. Au secondaire, elle a gagné en maturité, et s’est révélée être une élève performante », raconte Mitchencar, son aînée.
Après ses études classiques, elle intègre la Faculté de Linguistique Appliquée (FLA) ainsi que l’École Nationale des Arts (ENARTS). Son ambition, confie-t-elle, est de « devenir linguiste appliquée afin de contribuer à la valorisation de la langue créole et de la danse folklorique haïtienne, deux éléments fondamentaux de notre identité culturelle ».
Anaïca donne à voir une jeune femme ambitieuse, optimiste et extraordinaire. « Lorsque je veux quelque chose, je me bats pour l’obtenir. Je me distingue par ma capacité à rester fidèle à moi-même. Je ne suis pas influençable, et c’est cette force de caractère qui fait toute la différence entre moi et les autres jeunes de ma génération », affirme-t-elle avec assurance.
« Lorsque je veux quelque chose, je me bats pour l’obtenir. »
Le regard des proches
Autour d’elle, Anaïca distille de l’amour et traite ses proches avec respect. « Je connais Anaïca depuis octobre 2023. Nous sommes camarades d’école et amis. Je peux la décrire comme une personne gentille, respectueuse, sérieuse, toujours disposée à aider. C’est quelqu’un auprès de qui l’on se sent toujours à l’aise », témoigne Richneïder Velny, son camarade à la FLA.
De l’avis de Josué Joseph, un autre camarade à la FLA, Anaïca est « une personne sage, sociable, dévouée à ses études et passionnée. Elle est très élégante. Je ne suis pas le seul à l’apprécier à la faculté : presque tous les camarades de la promotion l’aiment beaucoup ».
Des points de vu auxquels Jeannette François, amie proche de la famille, s’identifie : « Anaïca est une jeune femme qui a beaucoup de rêves et qui est déterminée à réussir. Elle est intelligente, respectueuse, et déborde d’amour et d’hospitalité ». Elle renchérit : « mon expérience avec elle, surtout durant la période où les gangs forçaient des gens à fuir leurs maisons, l’a beaucoup confirmé : quand je passais plusieurs jours chez elle, Anaïca et sa famille m’accueillaient toujours avec une grande joie ».
« Anaïca est une jeune femme qui a beaucoup de rêves et qui est déterminée à réussir. »
Comme tout le monde, il arrive qu’Anaïca soit frappée par une vague de découragement. Mais sa phrase fétiche et le soutien de son père, son principal motivateur, lui redonnent chaque fois l’énergie nécessaire pour continuer de se battre. « La phrase qui me motive chaque jour est une citation de Paulo Coelho : Souviens-toi de toujours savoir ce que tu veux. Ma plus grande source de motivation, c’est mon père. Chaque fois que je le vois se sacrifier et se donner à fond pour ses enfants, je me dis : ça vaut la peine de travailler. Son courage m’inspire à donner le meilleur de moi-même ».
Un rêve d’enfant matérialisé
Dès la petite enfance, Anaïca nourrit un précieux rêve : devenir Miss top modèle. « Depuis l’école classique, elle préparait déjà des chorégraphies », a fait savoir Mitchencar. « Elle a tenté sa chance au concours Miss Anacaona, mais son parcours s’est arrêté assez tôt », ajoute-t-elle.
Loin de la décourager, cette expérience a attisé son désir et sa passion. Cette année, farcie de courage, elle s’est inscrite à Miss Ouest Haïti 2025. « Depuis toute petite, j’avais ce rêve : devenir, comme on pourrait dire, une femme canon. Mais au-delà de l’apparence, je voulais surtout représenter les jeunes de ma génération, souvent jugés à tort ou stigmatisés ».
« Depuis toute petite, j’avais ce rêve : devenir, comme on pourrait dire, une femme canon. »
Défis et révélations
Pour elle, la plus grande épreuve de l’aventure était « de marcher avec des talons de 15 centimètres ». Mais la plus grande surprise n’est pas venue d’un manque de capacité : « Malgré un début de soirée stressant, alors que rien ne semblait bien s’annoncer, j’ai découvert en moi une force insoupçonnée. J’ai compris que je pouvais me dépasser, aller au-delà de mes limites, et même briller, malgré l’immense stress que j’ai ressenti ».
Pour Anaïca, une Miss n’est pas seulement un symbole de beauté, mais aussi de courage et une source d’inspiration pour les autres jeunes. « Elle doit porter des valeurs, faire entendre des voix et s’engager pour des causes qui comptent », soutient-elle. Parmi les causes qui lui tiennent à cœur : celle des marchands des rues, « de véritables modèles de courage et de dignité ». Son souhait est de mettre sur pied une émission baptisée « Héros de la vie quotidienne », destinée à leur mettre en lumière, ainsi que toutes ces personnes courageuses qui triment chaque jour pour leur bien-être et celui de leurs proches.
Aux tréfonds son être sommeille aussi la vision d’une nouvelle Haìti. Je rêve d’une Haïti où « chaque jeune puisse accéder à de vraies opportunités de développement, afin de contribuer pleinement à l’avenir d’Haïti », confie-t-elle.
La consécration et ses promesses
« Je me sens très fière d’être Miss Ouest Haïti 2025. […] Miss Ouest m’a donné l’opportunité de vivre mon rêve d’enfance, de faire entendre ma voix, et de représenter les femmes et la jeunesse ayant de l’espoir, de la vision et de la détermination. Ce n’est pas seulement une couronne que je porte, ce sont aussi des valeurs et des responsabilités que j’assumerai en tant que modèle », déclare Anaïca avec déjà une nouvelle couronne à conquérir : celle de Miss Haïti.
« Miss Ouest m’a donné l’opportunité de vivre mon rêve d’enfance. »
Pour la jeunesse haïtienne, la miss Ouest Haïti 2025 a un conseil clair : « Ce que vous croyez, ce que vous voulez est réel. C’est à vous de vous lever et de le conquérir ».
Le concours Miss Ouest Haïti se veut un tremplin pour aider les jeunes filles du département à « sortir de l’ombre », comme le veut son slogan. La grande finale de la 8e édition, le 27 septembre 2025 a vu triompher Anaïca Fleurissaint, suivie de Vanessa Salomon et de Ruth Shama Latis. « Les gagnantes ont reçu, outre les traditionnelles fleurs, écharpes, trophées et plaques d’honneur, des téléphones, des bourses en maquillage, onglerie, cuisine et pâtisserie. La Miss est repartie avec 150 000 gourdes, la première dauphine 100 000 et la deuxième 50 000 », ont fait savoir les responsables du concours.
Une belle récompense, mais surtout une lourde mission : inspirer, représenter et agir. Anaïca Fleurissaint, désormais Miss Ouest Haïti 2025, l’a bien compris : sa couronne est bien plus qu’un ornement, c’est un gage de responsabilité.
Leave a Reply